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mettre au risque d’en être tué. Ils ne font que ce qu’ils veulent, quand ils veulent, et comme ils veulent ; de sorte que le moment où l’on a besoin d’eux est celui auquel ils ne veulent rien faire, ou que, si l’on souhaite qu’ils aillent à la chasse, ils veulent aller à la pêche ; et c’est une nécessité d’en passer par-là. Le plus court est de ne pas s’en servir, et de ne jamais compter sur eux, mais surtout de ne rien laisser entre leurs mains, car ils sont comme des enfans à qui tout fait envie : ils prennent, boivent et mangent sans discrétion tout ce qu’on leur laisse. »

Une autre raison qui doit faire éviter de se servir d’eux, c’est l’antipathie qui règne entre eux et les nègres. Ces deux races d’hommes se croient fort au-dessus l’une de l’autre, et se regardent avec mépris. Les nègres, surtout ceux qui sont chrétiens, ne donnent jamais aux Caraïbes, qui ne le sont pas, d’autre nom que celui de sauvages ; ce que les Caraïbes ne peuvent entendre qu’avec un extrême dépit, qui les porte souvent à de cruelles extrémités. « Il arrive souvent, raconte le P. Labat, que nos barques, allant traiter à la Marguerite, prennent en troc de leurs marchandises des Caraïbes esclaves qu’elles nous apportent : quoiqu’on en puisse tirer plus de service que de ceux qui sont libres, dans les îles voisines des nôtres, on ne les achète point sans précaution, parce que c’est le même naturel et le même génie. S’ils ne sont achetés dès l’âge de sept ou