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qui avait de la valeur, ne connaissait ni le travail, ni l’obéissance. On se mutina contre les chefs, on maltraita les sauvages, et bientôt l’on éprouva tous les maux, effets inévitables de ces désordres. Le retour de Ribaut ne put réparer les affaires ; et enfin les Espagnols vinrent à bout de détruire sans retour les établissemens français. Cette dernière révolution ne peut être mieux rapportée que dans les termes de l’éloquent auteur de l’Histoire du Commerce des deux Indes. « Philippe ii, accoutumé à s’attribuer la possession exclusive de l’Amérique, instruit des tentatives de quelques Français pour s’y établir, et de l’abandon où les laissait le gouvernement, fit partir de Cadix une flotte pour les exterminer. Ménendès, qui la commandait, arrive à la Floride ; il y trouve les ennemis qu’il cherchait établis au fort de la Caroline : il attaque tous les retranchemens, les emporte l’épée à la main, et fait un massacre horrible. Tous ceux qui avaient échappé au carnage furent pendus à un arbre avec cette inscription : Non comme Français, mais comme hérétiques.

» Loin de songer à venger cet outrage , le ministère de Charles ix se réjouit en secret de l’anéantissement d’un projet qu’à la vérité il avait approuvé, mais qu’il n’aimait pas, parce qu’il avait été imaginé par le chef des huguenots, et qu’il pouvait donner du relief aux opinions nouvelles. L’indignation publique ne fit que l’affermir dans la résolution de ne témoi-