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guère permis à l’amiral de s’occuper de sa colonie ; mais qu’après la paix qui venait de se conclure, il avait rapporté tous ses soins au soutien de cet établissement.

En effet, il n’eut pas plus tôt obtenu la liberté de reparaître à la cour, qu’il engagea le roi Charles à lui donner trois navires bien équipés pour envoyer des vivres à Charles-Fort ; c’était le nom de la colonie française. Le commandement en fut confié à René Laudonnière, gentilhomme d’un mérite connu, bon officier de marine, qui avait embrassé ce parti après avoir servi sur terre avec distinction. Il avait été du voyage de Ribaut. On lui donna d’habiles ouvriers dans tous les arts qui conviennent au besoin d’une colonie. Quantité de jeunes gens, entre lesquels on en comptait plusieurs d’un nom distingué, entreprirent le voyage à leurs frais, et l’on y joignit des soldats exercés dans leur profession. On observe que l’amiral prit soin d’exclure de cet armement tous les catholiques. Le roi fit compter 50,000 écus à Laudonnière. Les deux premiers vaisseaux de l’escadre avaient des pilotes d’une expérience consommée dans leur art. Le voyage fut heureux : il semblait que les affaires dussent prendre une nouvelle face. On construisit le fort de la Caroline sur la rivière de Mai, à deux lieues de la mer, dans une situation plus favorable que la première. On combattit avec avantage les peuplades voisines ; mais toute cette foule d’aventuriers et de gentilshommes,