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fort Saint-Augustin, et étaient assez puissans pour ramer les premières entreprises des Français. Ceux-ci étaient conduits par un Normand nommé Ribaut, qui partit sous les auspices de l’amiral de Coligny, dont le nom se trouve souvent à la tête de ces expéditions lointaines, que sa politique conseillait, mais que son génie n’animait pas. Il voulait balancer, s’il eût été possible, la puissance espagnole dans le Nouveau-Monde, et il regardait d’ailleurs ces colonies dans un autre hémisphère comme un asile pour ses frères les protestans, persécutés dans le nôtre. C’est dans cette double vue qu’il encourageait ces courses maritimes, pour lesquelles même il obtint plus d’une fois la protection de la cour. Mais nos guerres civiles empêchèrent qu’on ne suivît les projets de ce grand homme, et qu’on ne soutînt d’une manière convenable les entreprises dont il était l’auteur ; aussi furent-elles malheureuses. La jalousie des Espagnols, le peu de soin qu’on prit de se concilier l’affection des sauvages, le défaut d’union et de discipline, ruinèrent la colonie naissante de Ribaut, dans le temps même qu’il était allé demander en France de nouveaux secours. Le commandant qui le remplaçait perdit tout par sa mauvaise conduite. Les vivres manquèrent dans une terre fertile que personne ne s’avisa de cultiver, parce qu’on n’y était venu chercher que des mines. Il semblait que le Nouveau-Monde ne dût produire que de l’or ; et du moment où les