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quitte de tous les mauvais pas ; mais on en rencontrait d’autres chaque fois qu’il y avait des ruisseaux ou des rivières à passer ; ce qui nous arriva sept ou huit fois avant d’être à la montagne des Oiseaux, qui touche à celle de la Soufrière. Il était six heures du soir lorsque nous nous vîmes dans le lieu où les chasseurs s’étaient proposé de nous faire une cabane ; on se mit à travailler. L’un coupa des branches d’arbres, un autre amassa de la fougère, tandis que les deux chasseurs allèrent chercher des diables pour notre souper. J’avais eu la précaution de faire porter mon manteau, un flacon de vin de Madère et du pain, avec de l’eau-de-vie et de la farine pour les nègres. Notre cabane fut bientôt dressée ; nous la couvrîmes de feuilles de cachibou que nous avions coupées en chemin. Nous fîmes une litière de fougère, et nous allumâmes un grand feu.

» Les deux chasseurs revinrent assez promptement avec quinze diables. Chacun se mit d’abord à plumer. Mon partage fut de faire des broches de bois. Après avoir flambé ces oiseaux, on les ouvre par le dos. Tous les intestins, avec les têtes, les pieds et les bouts des ailes servirent à faire souper nos chiens. On embroche les corps diagonalement, c’est-à-dire d’une cuisse à l’épaule opposée. On plante la broche en terre devant le feu, on la tourne par degrés pour faire cuire la viande de tous les côtés, et lorsqu’elle est presque