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duvet épais et jaune, comme les oisons, et ce n’est qu’un peloton de graisse. On les nomme des cotons. Ils sont en état de prendre leur vol à la fin de mai. Aussi partent-ils alors, et l’on cesse tout-à-fait de les voir et de les entendre jusqu’au mois de septembre. Tout ce qu’on vient d’observer sur l’arrivée et la demeure des diables aux îles de la Guadeloupe et de la Dominique a lieu régulièrement chaque année. Leur chair est noirâtre et sent un peu le poisson ; mais d’ailleurs elle est bonne et nourrissante. Les cotons sont beaucoup plus délicats. C’est une vraie manne, répète Labat. Pendant toute la saison, les petits habitans et les nègres n’ont pas d’autre nourriture. La difficulté de les prendre sert à la conservation de l’espèce, qui serait détruite il y a long-temps, s’ils ne se retiraient dans des lieux d’un accès fort difficile.

Donnons cette chasse dans les termes de Labat, que la curiosité seule y conduisit avec un jeune créole et quatre nègres. C’était à la Guadeloupe, dans la montagne de la Soufrière, dont on a vu la description. « Malgré les dangers, dit-il, et les incommodités de l’entreprise, nous nous mîmes en marche le long de notre rivière, jusqu’à l’endroit où la rive la moins escarpée permet de monter. Nous n’y montâmes néanmoins que les uns après les autres, en nous aidant des épaules de ceux qui étaient en bas, et que nous tirâmes ensuite à nous avec des lianes. Je me crus