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méthodes pour exprimer le suc du manioc. C’est de ce qui reste après cette opération qu’on fait la cassave et la farine de manioc, qui servent de pain à presque toute l’Amérique.

Pour mettre cette farine en cassave, on a des platines de fer fondu, rondes, épaisses d’un demi-pouce, et larges d’environ deux pieds ; on les pose sur un trépied, ou sur des pierres, et l’on fait du feu dessous ; lorsque la platine est échauffée, on y met du manioc grugé et pressé, qu’on a fait passer par une espèce de crible pour en rompre les grumeaux. L’épaisseur doit être d’environ trois doigts sur toute la platine ; cette masse de pâte s’affaisse en cuisant, et toutes ses parties se lient ensemble. On aide à leur liaison en y passant une spatule de bois qu’on appuie légèrement ; lorsque le côté qui touche la platine est cuit, ce qu’on reconnaît à la couleur qui devient rousse, on la tourne de l’autre côté à l’aide de la spatule et de la main gauche ; elle achète de cuire ; ensuite on l’expose pendant deux ou trois heures au soleil, pour dessécher ce qui peut y rester d’humidité. Cette espèce de pâtisserie ou de pain prend alors le nom de cassave ; le dedans demeure blanc comme la neige, et les deux côtés sont d’une couleur d’or pâle qui excite l’appétit. Elle peut se conserver fort long-temps sans autre soin que de la mettre dans un lieu sec, et de l’exposer quelquefois au soleil. C’est une