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tre en pain est trop connue pour qu’il soit nécessaire de la décrire.

On emploie les sirops qui sortent du sucre à faire de l’eau-de-vie, nommée tafia dans les colonies françaises, et rum chez les Anglais ; les rums de la Jamaïque et de la Grenade sont regardés comme les meilleurs. Les bâtimens particuliers destinés à la distillation de cette liqueur se nomment rummeries ou guildives.

Le propriétaire d’une sucrerie trouve dans la canne beaucoup de ressources pour la facile exploitation de son bien. Elle donne à la fois le plant qui sert à la multiplier, la paille ou le fumier qui fertilise la terre où elle croît, et du chauffage pour les fourneaux de la sucrerie et pour l’étuve ; avec ses sommités desséchées on couvre les cases des nègres, et quelquefois celle du maître. Quand les têtes des cannes sont vertes, on les donne aux mulets et aux bœufs, qui en sont très-friands. On les nourrit aussi pendant le temps de la roulaison avec de la bagasse hachée, que l’on trempe dans les écumes retirées des chaudières, ou dans du mauvais sirop. Quoique ces animaux soient alors surchargés de travail, ils engraissent pourtant à vue d’œil, tant cette nourriture est saine et substantielle.

La culture des cannes à sucre suivit celle du tabac dans les Petites-Antilles ; cette dernière plante prenant beaucoup de terrain, il fallut défricher de nouvelles terres pour la planter ; et celles qui devenaient trop maigres pour elle