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tombent sur la table, et, par une gouttière pratiquée à une de ses extrémités, coulent dans des réservoirs nommés bassins à cannes ; ces bassins sont ordinairement au nombre de deux et placés en dedans ou en dehors de la sucrerie ; quand ils sont en dehors, on les couvre d’un appentis.

Ce sont communément les négresses qui font le service du moulin. Un jeune nègre veille à ce que les débris de la canne, tombant sur la table, ne s’opposent point à l’écoulement du suc exprimé, et ne forment point d’engorgement dans la gouttière. On lave deux fois par jour les rouleaux et la table pour empêcher que le jus de canne qui s’y colle ne communique, en s’aigrissant, sa qualité à celui qui s’exprime.

La canne, exprimée deux fois, prend le nom de bagasse. On la lie par gros paquets, et on la porte sous des hangars qu’on nomme cases à bagasse. On en forme quelquefois de grandes piles à l’air libre. Quand elle est desséchée, on l’emploie à chauffer les fourneaux de la sucrerie.

Le vin de cannes ou vezou est ensuite reçu dans un réservoir, d’où il coule dans des chaudières où on le fait bouillir ; il passe successivement de la grande, où il est écumé, dans le flambeau, où il jette des bouillons clairs et transparens ; puis dans le sirop, où il commence à prendre de la consistance ; enfin dans la batterie, où l’on est obligé de le battre