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lin le lundi à minuit. Quand on ne fait que du sucre brut, on prend cette avance sans oublier de couvrir les cannes de feuilles, dans la crainte qu’elles ne s’échauffent ; mais si l’on travaille en sucre blanc, il vaut mieux retarder le travail de quelques heures que de s’exposer au risque d’y employer des cannes échauffées.

Le moulin où l’on porte les cannes est formé principalement de trois gros rouleaux appelés tambours, faits d’un bois très-dur et compacte, bien uni et poli, dans lequel on enfonce trois cylindres de fer creux, de la hauteur de quinze à dix-huit pouces, et d’un pouce environ d’épaisseur. Ces rouleaux sont élevés sur un plan horizontal nommé table, rangés perpendiculairement sur la même ligne, et presque contigus. Celui du milieu, mû sur son axe par la force de l’eau, du vent ou des mulets, imprime aux autres le mouvement qu’il reçoit. Ils présentent ensemble deux faces opposées. Vis-à-vis de chaque face est une négresse : l’une d’elles engage d’abord les cannes entre le rouleau du milieu et l’un des deux autres. Ces cannes, prises, tirées et comprimées fortement dans toute leur longueur, sont reçues par la seconde négresse qui les engage à son tour entre le même rouleau central et l’autre rouleau latéral, afin qu’elles soient exprimées de nouveau. Après avoir subi ces deux expressions, la canne reparaît sur la première face, entièrement aplatie. Ses sucs