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moins qu’elles ne soient de cette petite espèce qu’on nomme rottins, et qui, venant dans les terres maigres et usées, ne sont pas naturellement plus longues. Quatre ou cinq nègres jettent en un monceau toutes les cannes coupées, afin qu’elles se trouvent assemblées pour ceux qui doivent les lier, et qu’il ne s’en perde point sous les feuilles. On met ordinairement de jeunes nègres ou quelques négresses à lier les cannes en paquets. Les extrémités des têtes, qu’on appelle l’œil de la canne, servent de liens avec trois ou quatre feuilles qui se tirent aisément. On noue d’abord ensemble les feuilles de deux yeux, pour donner plus de longueur au lien ; ensuite, selon la longueur des cannes, on étend à terre deux liens, à deux pieds l’un de l’autre, et les cannes sont couchées dessus, en travers, au nombre de dix ou douze ; on les serre ensuite, comme on lie les fagots en Europe. La coupe cesse, lorsqu’il en est temps, par l’ordre du commandeur, qui fait porter au bord du chemin les paquets de cannes ; et les cabrouets viennent les prendre pour les emporter au moulin. Jamais on ne coupe plus de cannes qu’on n’en peut consommer dans l’espace de vingt-quatre heures. Si l’on en coupait pour deux ou trois jours, elles s’échaufferaient dans cet intervalle, elles fermenteraient, elles s’aigriraient, et deviendraient inutiles pour faire du sucre, surtout pour le sucre blanc.

L’usage commun est de couper les cannes le samedi pour commencer l’opération du mou-