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elle s’abaisse peu à peu, jusqu’à se coucher par terre, où, jetant des filets qui prennent racine, elle pousse quantité de rejetons. Avant qu’elle pousse sa flèche, et près d’un mois après avoir fléché, elle a peu de suc, et son milieu est creux, parce que toute la substance qui gonflait ses fibres s’est portée en haut pour produire la flèche et les fleurs. Les cannes ne doivent pas être coupées dans cet état ; on n’en pourrait faire, ni du plant, ni du sucre, ni même de l’eau-de-vie.

Lorsqu’on les croit mûres, ce qui se reconnaît à divers essais, on dispose les nègres le long de la pièce, pour la couper plus également c’est-à-dire sans qu’ils y entrent l’un plus que l’autre. Si les cannes n’ont que sept ou huit pieds de hauteur, on commence par abattre avec une serpe les têtes des rejetons de toute une souche, à trois ou quatre pouces au-dessous de la plus basse feuille, dans l’endroit où il ne paraît plus de vert. Aussitôt que la touffe est coupée, on coupe les cannes par le pied, avec l’attention de ne les pas taillader, parce que ces hachures, qui donnent entrée à la chaleur du soleil, font évaporer la sève, et nuisent au progrès des rejetons. Suivant la longueur des cannes qu’on a coupées de la souche, on la divise en deux ou trois parties, après y avoir passé la serpe pour ôter les barbes qui y sont attachées. On ne laisse guère, à ces parties, plus de quatre pieds de longueur, et jamais on ne leur en donne moins de deux et demi, à