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pulpe brune qui s’y trouve ; il reste une sorte de joncs de deux ou trois lignes d’épaisseur. Les roseaux sont de même espèce que ceux de l’Europe : on les coupe verts, avant qu’ils aient fleuri, parce qu’ils sont alors plus tendres et plus lians. On les fend d’abord en huit parties dans toute leur longueur, pour gratter ensuite le dessus jusqu’à ce que les vestiges des nœuds soient effacés. On ôte la pulpe dont ils sont remplis : l’épaisseur qui leur reste est celle d’un sou marqué, et leur largeur, celle qui convient à l’ouvrage qu’on veut faire. Les roseaux polis sont blancs, ou d’un jaune fort clair ; mais les Caraïbes savent les teindre en rouge, en jaune, en bleu, ou en noir, qu’ils entremêlent fort proprement, pour donner plus de grâce et d’éclat à leur ouvrage. Après en avoir déterminé la longueur et la largeur, ils tressent leurs roseaux, ou carrément, ou en compartimens ; et leur art consiste surtout à les serrer sans la moindre violence. Lorsqu’ils ont fait le dessous du panier et sa doublure, dont la matière et les proportions, sont les mêmes, ils ajustent entre deux des feuilles de balisier, amorties au feu ou seulement au soleil, et cette espèce de petit plancher est si propre, si uni, si pressé, que l’eau qu’on y met ne peut s’écouler. Ils couvrent les bords d’un morceau de roseau ou de latanier, assez large pour être doublé, et l’arrêtent d’espace en espace avec des filets de pitte, parfaitement bien tors et teints de quelque couleur. Le des-