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vigueur aux rejetons, et rapproche l’époque où ils doivent être coupés à leur tour ; une coupe tardive laisse souvent aux propriétaires le temps d’assurer les plantations commencées soit en cannes soit en vivres. Les cannes qui ont été coupées en janvier ont ressenti toute la chaleur et l’aridité de la saison sèche, qui dure jusque dans une partie de juillet, et qui, les ayant long-temps arrêtées, ne leur a permis de pousser que de faibles rejetons. Mais celles qui sont coupées vers la fin de la sécheresse, c’est-à-dire, dans le cours de juin et de juillet, reçoivent le secours des pluies qui humectent la terre. De là vient qu’aux mois de septembre et d’octobre, on les voit aussi grandes et aussi fournies que celles qui ont été coupées en janvier ou février.

Toutes les cannes qui se trouvent âgées de onze ou douze mois, lorsque la saison des pluies arrive, ne manquent point de pousser leur flèche. Ainsi, dans le langage des îles, les cannes sont en flèche lorsqu’elles ont leur jet ; et les cannes ont fléché, quand ce jet est tombé de lui-même après avoir fleuri. Depuis qu’elles ont commencé à pousser, jusqu’à leur chute, il se passe dix-huit à vingt jours, aux derniers desquels la flèche ou le bout de la canne se sèche, parce qu’il ne reçoit plus de nourriture, se détache et tombe à terre. Alors la canne cesse de croître et de grossir. Jamais une même canne ne fleurit deux fois. Si elle n’est pas coupée un ou deux mois après qu’elle a fléché,