Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semeurs sont suivis d’autres nègres, avec des houes, pour ajuster les deux morceaux de canne l’un contre l’autre, de manière que le bout qui vient du côté de la tête soit hors de la terre d’environ trois pouces, et qu’à l’extrémité opposée le bout de l’autre morceau soit placé de même ; après quoi ils remplissent la fosse de la terre que les premiers en ont tirée. Les morceaux de canne que l’on met en terre sont pris ordinairement à la tête de la canne, un peu au-dessous de la naissance des feuilles. On leur donne quinze à dix-huit pouces de long. Plus ils ont de nœuds ou d’yeux, suivant le langage des îles, plus on juge qu’ils pousseront de rejetons et qu’ils prendront promptement racine.

Le temps propre pour planter est la saison des pluies, depuis son commencement jusqu’à ses deux tiers. La terre se trouvant alors imbibée d’eau, l’humidité fait croître les racines, et leur fournit toute la nourriture dont elles ont besoin ; au lieu que dans un temps sec la terre, aride et comme brûlée, attire et consume tout le suc du plant. On ne peut avoir trop d’égard à cette différence de saison, parce que de là dépend le bon ou mauvais succès des cannes. Le plant n’a pas été cinq ou six jours en terre, qu’on le voit lever heureusement ; et, suivant la bonté du terrain et de la saison, il produit à vue d’œil des feuilles et des rejetons : c’est alors qu’on se hâte de sarcler les gerbes et les lianes, qui viennent toujours en abondance