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tres terrains, à quoi leur grosseur et la force de leur suc les rendent fort propres ; mais elles servent à faire de l’eau-de-vie, qui est toujours une bonne marchandise ; 3o. la terre se trouve dégraissée, et, dès cette première coupe, elle devient propre à porter de très-bonnes cannes ; ce qui n’arriverait pas en cinq ou six autres coupes, parce que les feuilles dont elles se dépouillent en croissant se pourissent et ne font qu’augmenter la graisse qu’on doit chercher à diminuer.

Avant de planter les cannes, on nettoie soigneusement la terre. Il ne suffit pas de couper les mauvaises plantes, surtout les lianes, parce que, pullulant beaucoup, elles s’attachent aux cannes, les couvrent et les abattent. À l’égard des souches qui sont demeurées en terre, on brûle celles des bois mous qui poussent aisément des rejetons ; ensuite, si le terrain est uni ou d’une pente douce, on le partage en carrés de cent pas chacun, entre lesquels on laisse un chemin pour le passage des cabrouets. Cette division sert aussi à prévenir la communication du feu qui pourrait s’allumer dans un des carrés, donne plus de facilité à sarcler, fait apercevoir d’un coup d’œil au maître s’il n’est pas trompé par les ouvriers, sert enfin à l’embellissement d’une habitation, et joint même l’utilité à l’agrément ; car le long de ces chemins on plante des pois d’angole ou pois de sept ans, arbrisseaux dont on estime le fruit, et qui forment des allées pour la prome-