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assez sucré, lorsqu’elles sont coupées dans la bonne saison, c’est-à-dire depuis le commencement de janvier jusqu’à la fin de juillet, et peuvent durer vingt à trente ans sans avoir besoin d’être replantées. Les terres environnées de bois, ou situées dans les hauteurs des montagnes, sont fort sujettes aux pluies et aux grandes rosées, aux fraîcheurs de la nuit ; et, n’étant guère échauffées des rayons du soleil, elles ne produisent que de grosses cannes fort aqueuses, vertes et sucrées ; aussi leur suc est-il gras, cru et difficile à cuire. Enfin toutes les terres neuves, et qui n’ont jamais été plantées ni semées, dans lesquelles on met des cannes aussitôt qu’elles ont été défrichées, donnent quantité de très-grosses cannes remplies de beaucoup de suc, mais gras, cru, peu sucré, et très-difficile à cuire. Pour avancer leur bonté, on a trouvé le secret de les couper à l’âge de six mois, de retirer ce qui doit servir à planter, et de mettre le feu au terrain pour consumer les pailles, dont la pouriture augmenterait encore la graisse des terres. Quatorze mois après cette coupe, les rejetons donnent un sucre parfait. Le produit de cette méthode est considérable : 1o. parce qu’on fait de bon sucre, au lieu du mauvais qui aurait demandé beaucoup de bois, et de peine, et le retardement n’est que de deux mois, qui ne doivent point entrer en parallèle avec un tel avantage ; 2o. les cannes coupées à six mois ne sont pas entièrement inutiles : non-seulement on en replante d’au-