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pèce de fruit isolé ; ce suc, exprimé, porte vulgairement le nom de vin de canne ; c’est de cette liqueur que l’on extrait le sucre.

La terre la plus propre à la canne doit-être légère, poreuse, profonde, avoir assez de pente pour ne pas retenir l’eau de pluie, être exposée au soleil depuis qu’il se lève jusque vers son coucher. Une terre grasse et forte produit de grandes et grosses cannes, mais presque toujours vertes, pleine d’un suc aqueux et peu sucré. Ce suc est gras, difficile à purifier et à cuire ; et le sucre qu’on en tire est toujours mollasse, peu grenu, sujet à tourner en marmelade ou en cendre. Les terres qui manquent de fond, et où les racines de la canne trouvent bientôt le tuf ou le roc, ne produisent que de petites cannes, pleines de nœuds ; elles durent peu, parce que leur racine se sèche et se brûle.

Cependant, si ces terres ont de la pluie les premiers mois après que les cannes sont plantées, et quelquefois ensuite jusqu’à leur maturité parfaite, elles ne laissent pas de se remplir d’un bon sucre, extrêmement doux et gluant : les terres basses et marécageuses qui sont comme de niveau avec le bord de la mer produisent de belles cannes, longues, grosses et pesantes ; mais comme ces terres sont toujours salées et nitreuses, elles communiquent leur défaut aux cannes, dont le sucre ne peut jamais devenir bien blanc. Les terres rouges et fortes portent des cannes longues, grosses et pleines d’un suc