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ce qui fait nommer cette saison l’hiver. Pendant sept mois, à peine se passe-t-il une semaine sans pluie. Un hiver si pluvieux excite d’abord quantité de maladies, telles que des fièvres, des catarrhes, des douleurs de dents, des aposthumes et des ulcères. On ne voit que des malades dans toutes les îles. D’un autre côté, cet hiver a des effets bien différens de ceux de l’Europe. Dès les premières pluies, qui sont un peu abondantes, tous les arbres se parent de leur première verdure et poussent leurs fleurs. Les forêts exhalent des odeurs qui ne le cèdent point aux meilleurs parfums. En un mot, la terre s’embellit de toutes parts, et ce qu’on nomme l’hiver aux Antilles l’emporte beaucoup en agrémens sur le printemps de l’Europe. Tous les animaux descendent de leurs montagnes. Les testacés changent de coquille. Les reptiles prennent une nouvelle peau. Les poissons, qui se sont retirés en pleine mer pendant le temps sec, se rapprochent des côtes, entrent dans les rivières, et semblent s’offrir aux filets des pêcheurs. Toutes les espèces de tortues naissent en si grande abondance, qu’après s’en être nourri pendant l’hiver, on en peut mettre une provision abondante en réserve pour l’arrière-saison.

Le climat des Antilles n’étant pas fort différent de celui du continent d’Amérique, qui répond aux mêmes latitudes, on doit juger que la plupart de ses productions naturelles y sont les mêmes. Aussi ne nous arrêtons-nous qu’à celles qui intéressent par leur culture ou