Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ble à ceux que l’hiver cause en Europe ; car cette grande sécheresse dépouille de leur verdure les arbres à feuilles tendres ; elle sèche les herbes, elle flétrit les fleurs et leur fait baisser la tête. Si la plupart des arbres n’avaient les feuilles d’une nature forte et capables de résister aux injures du temps, le pays deviendrait aussi triste que nos provinces d’Europe au cœur de l’hiver. Les animaux mêmes, surtout les insectes et les reptiles, abhorrent et fuient cette aridité, se cachent dans le creux des arbres, sous des rochers, dans des précipices, et semblent y chercher une humidité nécessaire à leur conservation. On nomme ce temps l’arrière-saison, parce que les habitans ont aussi beaucoup de peine à vivre, et que, s’ils n’étaient secourus par les rafraîchissemens qui viennent d’Europe, ils n’auraient souvent que leur maïs pour ressource. Leur soulagement est la brise, qui est plus réglée, et qui se fait plus agréablement sentir dans cette saison que dans l’hiver.

Mais quand le soleil a repassé la ligne, et qu’il commence à s’approcher du tropique du cancer, ses rayons, qu’il darde plus directement, font lever de la mer et de tous les lieux marécageux une grande quantité de vapeurs, dans lesquelles il se forme d’horribles tonnerres ; et lorsqu’ils viennent à cesser, le temps se met à la pluie, qui dure huit, dix, et quelquefois douze ou quinze jours sans interruption. Ces pluies refroidissent l’air et la terre, et c’est