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rience constante apprend que, jusqu’à son retour en-deçà de la ligne, c’est-à-dire ordinairement depuis le mois de novembre jusqu’au mois d’avril, l’air n’a presque point de nuages, et l’on y voit fort peu de vapeurs et d’exhalaisons. Il demeure si serein, si sec et si pur, qu’on peut non-seulement regarder le lever et le coucher du soleil, mais voir en un même jour le déclin et le croissant de la lune. Si les jours sont chauds, les nuits sont d’une fraîcheur proportionnée. Si la chaleur du soleil ouvre les pores de tout ce qui se trouve sous lui, la fraîcheur nocturne vient resserrer l’air, l’épaissir, le résoudre et le faire distiller en une rosée fort abondante, qui, trouvant tous les pores ouverts, s’y insinue, y pénètre ; et de là vient la facilité que tous les corps ont à se corrompre sous la zone torride ; c’est ce qui fait naître les vers dans les bois, et tant d’insectes qui font une des principales incommodités des îles ; c’est ce qui rouille, comme on l’a fait remarquer, le fer des épées dans les fourreaux, les étuis et les montres dans les poches, etc. Enfin, si les jours sont d’une grande pureté dans cette saison, les nuits ne sont pas moins claires et moins sereines : dès le premier quartier de la lune, on peut lire à sa lumière jusqu’aux petits caractères d’écriture.

Pendant tout ce temps il ne pleut presque point dans toutes les basses terres des îles, et c’est ce qui fait donner le nom d’été à cette saison, quoiqu’une partie de ces effets ressem-