Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grir sa mauvaise humeur, il poussa si loin la violence et la brutalité, que ceux qui restaient dans l’île se saisirent de lui, lui firent son procès dans les formes, et le condamnèrent au gibet. Cependant, comme il leur représenta qu’il était d’une naissance noble, ils consentirent à lui couper la tête ; mais l’adresse manquant au bourreau pour entreprendre cette exécution, ils le firent passer par les armes. On n’attribue ce coupable excès qu’au peuple. Les honnêtes gens de l’île étaient passés à la Martinique ; et l’on assure même que les officiers, n’ayant pu s’opposer aux emportemens de la populace, s’étaient éloignés du fort. De toute la cour de justice qui fit le procès au malheureux gouverneur, il ne s’en était trouvé qu’un, nommé Archangeli, et vraisemblablement Italien, qui sût écrire. Celui qui fit les informations était un maréchal-ferrant, dont Labat vit la marque, qui se conservait encore dans le registre du greffe de la Grenade : c’était un fer à cheval autour duquel Archangeli, qui faisait l’office de greffier, avait écrit : « Marque de M. de la Brie, conseiller rapporteur. » La cour, informée de cet attentat, envoya un vaisseau de guerre avec quelques troupes pour en prendre connaissance. Un commissaire qui les accompagnait fit des informations : mais, lorsqu’on eut reconnu que les auteurs du crime n’étaient que des misérables, dont la plupart s’étaient déjà mis à couvert par la fuite, les recherches ne furent pas