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ble forteresse ; mais s’étant répandus dans les bois, ils y tuèrent tous les Français qui s’éloignaient à la chasse. Du Parquet, informé de cette perfidie, fit passer dans l’île trois cents hommes bien armés, qui en détruisirent un grand nombre et forcèrent le reste à la fuite. On rapporte qu’une troupe de ces barbares, ayant été poussée par les Français sur une roche fort escarpée, aima mieux se précipiter de cette hauteur que de prendre le parti de la soumission, et que ce lieu en a pris, le nom de Morne des Sauteurs, qu’il conserve encore.

Quelques divisions qui s’élevèrent ensuite dans la colonie retardèrent encore ses progrès : mais la prudence de Valminier, un de ses gouverneurs, ayant calmé tous les troubles, elle s’accrut beaucoup dans l’espace de quelques années. Outre la fertilité du pays et l’abondance des vivres, le tabac qu’on y avait commencé à cultiver était si parfait, qu’il se vendait toujours le double ou le triple de celui des autres îles. Enfin Labat semble persuadé que la Grenade serait devenue la plus riche des colonies françaises, si le gouvernement de Valminier eût duré plus long-temps. Du Parquet la vendit, en 1657, au comte de Cerillac pour la somme de 80,000 livres ; et ce nouveau maître en fit prendre possession par un officier d’un caractère si dur, que la plupart des colons, révoltés contre sa tyrannie, abandonnèrent leurs établissemens pour se retirer à la Martinique. Cette désertion n’ayant fait qu’ai-