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de Saint-Vincent ; le fort est situé par 12° 2′ nord, et 64° 8′ à l’ouest de Paris : sa longueur est de huit lieues, sa largeur de quatre. Elle fut découverte par Christophe Colomb en 1498, qui lui donna le nom de la ville de Grenade en Espagne. Sa grande baie, ou, suivant le langage des îles françaises, son grand cul-de-sac, qui renferme son port et son carénage, est à l’ouest ; et sa profondeur, formée par deux grandes pointes qui s’avancent fort loin en mer, donne à l’île la forme d’un croissant, mais irrégulier, parce que la pointe du nord est beaucoup plus épaisse que celle du sud. La véritable entrée du port est à l’ouest-sud-ouest.

La Grenade, raconte Labat, avait toujours été habitée par les seuls Caraïbes, que sa fertilité et l’abondance de la chasse et de la pêche y attiraient plus que dans les autres îles, lorsqu’en 1650, elle fut achetée des sauvages par du Parquet, alors propriétaire de la Martinique : il y établit d’abord une colonie de deux cents hommes ; et le premier établissement que du Tertre vit en 1656 se fit entre l’étang et le port, aux environs d’une maison de charpente que du Parquet avait fait apporter en fagots de la Martinique : c’est ce que du Tertre nomme un fort, parce qu’il était revêtu d’une enceinte de palissades, avec des embrasures pour deux pièces de canon et quatre pierriers. On l’avait cru suffisant pour contenir les sauvages. En effet, quoiqu’ils se fussent bientôt repentis de leur traité, ils n’osèrent attaquer cette miséra-