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autant de justesse que s’ils y employaient le compas ; cependant c’est l’ouvrage des femmes. Un Caraïbe serait déshonoré s’il avait filé ou tissu du coton, et peint un hamac ; ils laissent ces soins à leurs femmes, qui ont besoin de beaucoup d’adresse et de travail pour faire une toile si large, qu’elles sont obligées de s’employer deux à chaque pièce : elles ne sont point encore parvenues à se faire des métiers ; après avoir étendu les fils de la trame sur deux poteaux plantés en terre, suivant la longueur et la largeur qu’elles veulent donner au hamac, elles sont réduites à passer leur peloton de fil dessus et dessous chaque fil de la trame, et même à battre continuellement avec un morceau de bois dur et pesant, pour faire entrer tous les fils dans leur place et rendre l’ouvrage plus uni. Si cet exercice est très-pénible, on prétend, en récompense, que les hamacs de cette espèce sont beaucoup plus forts, plus unis, s’étendent mieux, et durent bien plus long-temps que ceux qui se font ailleurs sur le métier, et qui, étant de quatre pièces, ou de quatre lés, n’obéissent point si facilement, parce que les coutures sont toujours plus raides que le tissu.

La manière caraïbe d’attacher ou tendre un hamac est d’éloigner les deux extrémités l’une de l’autre, de sorte qu’avec ses cordages il fasse un demi-cercle, dont la distance d’un bout à l’autre soit le diamètre. On l’élève de terre autant qu’il faut pour s’y asseoir, comme