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du puits. Ainsi le colonel en perdit cinq, qui n’avaient pu manquer de se tuer dans leur chute.

Leur nombre est si supérieur à celui des blancs, qu’on pourrait douter s’il y a de la sûreté pour les Anglais à vivre sans cesse au milieu d’eux ; mais, outre les forts qui servent à les tenir en bride, on a quelques autres motifs de confiance. 1o. Les esclaves qu’on amène d’Afrique ne viennent point des mêmes parties de cette vaste région ; ils ont, par conséquent un langage différent, qui ne leur permet point de s’entendre ; et quand ils pourraient converser entre eux, ils se haïssent, d’une nation à l’autre, jusqu’à ne pouvoir se supporter. On ne fait pas difficulté d’assurer que plusieurs aimeraient mieux mourir de la main d’un Anglais que de devoir la liberté à un nègre qui n’est pas de leur nation. 2o. Les maîtres observent, en les achetant, de faire des mélanges, et ne permettent point, d’une plantation à l’autre, la communication des nègres d’un même pays. D’un autre côté, il leur est défendu sous de rigoureuses peines de toucher une arme, s’ils n’en reçoivent l’ordre exprès de la bouche du maitre. Cette défense les tient dans un si grand respect pour les armes à feu, qu’à peine osent-ils porter les yeux dessus ; et lorsqu’ils voient faire l’exercice aux troupes anglaises, ils sont dans une terreur qui ne peut être exprimée. On avoue néanmoins que cette observation ne regarde que les nègres arrivés d’Afri-