Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sons de l’île. Les maîtres mêmes en font leur délices, et lui donnent le nom de nectar. On fait souvent avaler aux nègres de grands coups de rhum pour les encourager au travail : une pipe de tabac et quelques verres de cette ligueur sont le plus agréable présent qu’on puisse leur faire.

À six heures du matin, une cloche les appelle au travail : elle les rappelle à onze heures pour dîner, et de là aux champs, pour y reprendre leur ouvrage jusqu’à six heures du soir. Le dimanche est le seul jour de repos ; mais ceux qui se sentent un peu d’industrie, l’emploient moins à se réjouir, suivant l’intention de leurs maîtres, qu’à faire des cordes de l’écorce de certains arbres, pour se procurer d’autres commodités en échange. On met une grande différence entre les nègres qui sont nés à la Barbade et ceux qui viennent d’Afrique ; les premiers se rendent incomparablement plus utiles. On nomme les autres nègres d’eau salée ; ils sont méprisés des anciens, qui se font honneur d’être enfans de l’île. On remarque même que ceux qui sont achetés dans leur première jeunesse valent beaucoup mieux lorsqu’ils parviennent à l’âge du travail.

La petite portion de terre qui leur est accordée par les maîtres suffit non-seulement pour leur subsistance, mais pour élever des chèvres, des porcs et de la volaille, qu’on leur laisse la liberté de vendre ; et quelques-uns poussent