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tent point eux-mêmes dans une mauvaise année. Un bœuf, un porc, et toute autre espèce d’animal qui meurt accidentellement, fait un festin délicieux pour les nègres ; et les domestiques blancs ne dédaignent point de le partager avec eux. On observe que, les plantations de sucre occupant la plus grande partie de l’île, il reste si peu de pâturages, qu’ils ne fournissent du bœuf et du mouton que pour la table des maîtres.

Les domestiques blancs et nègres ont diverses sortes de liqueurs : celle qu’ils nomment mobbic est composée de jus de patates, d’eau et de sucre. Le kouou est une eau de gingembre et de melon. Le perlno n’est qu’un extrait de la racine de cassave, mâchée par de vieilles femmes, qui la rejettent dans un vase rempli d’eau. En trois ou quatre heures, la fermentation lui fait perdre ses mauvaises qualités ; et, ce qu’on aura peine à croire, une préparation si dégoûtante fait une liqueur très-fine. Celle de banane, qui se fait en laissant macérer ce fruit dans l’eau, qu’on fait ensuite bouillir, et qu’on passe au clair le jour suivant, n’est pas moins forte ni moins agréable que le vin de Canarie. Une autre liqueur, qui se nomme killdevil, c’est-à-dire tue-diable, et qui est composée d’écume de sucre, a plus de force que d’agrément. La liqueur d’ananas se fait en pressant le fruit et passant le jus avec soin ; on la met en bouteilles, et c’est bientôt une des plus délicates bois-