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presque entièrement de leur travail et de leur attention ; il sera difficile de blâmer les commandeurs anglais d’un peu de sévérité pour les paresseux. On a vu des nègres assez négligens, ou peut-être assez malins pour faire du feu près des champs de cannes, où ils ne peuvent ignorer que la moindre étincelle excite des incendies qui se répandent jusqu’aux édifices. Une pipe de tabac secouée contre le tronc d’un arbre sec suffit pour le mettre en feu ; et la flamme, aidée par le vent, dévore tout ce qui se rencontre au-dessous. Deux célèbres habitans perdirent, il y a quelques années, 10,000 livres sterling par un accident de cette nature. »

Tous les voyageurs des autres nations ne laissent pas d’en faire des peintures effrayantes. Le P. Labat rapporte un supplice fort extraordinaire que les Anglais emploient pour leurs nègres qui ont commis quelque crime considérable, ou pour les Américains qui viennent faire des descentes sur leurs terres ; il le sait, dit-il, de témoins oculaires et dignes de foi. Pour en bien sentir l’horreur, il faudrait connaître la forme d’un moulin à sucre et de ses tambours, où la moindre imprudence expose les ouvriers à périr. Labat assure que les « Anglais lient ensemble les pieds du nègre qu’ils veulent punir, et qu’après lui avoir lié les mains à une corde passée dans une poulie attachée au châssis du moulin, ils élèvent le corps et mettent la pointe des pieds entre les