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rer qu’ils se convertissent. Mais ceux qu’on croit disposés à recevoir les lumières de la foi sont encouragés lorsqu’ils les demandent, et traités plus doucement après leur conversion. Il est vrai aussi que les maîtres ne sont pas fort ardens à faire des prosélytes, parce qu’ils sont persuadés que l’espoir d’un traitement plus doux en porterait un grand nombre à professer le christianisme du bout des lèvres, pendant qu’ils conserveraient leurs diaboliques opinions au fond du cœur. Cette race d’hommes est généralement fausse et perfide. S’il s’en trouve quelques-uns dont la fidélité mérite de l’admiration, la plupart, malgré leur stupidité naturelle, excellent dans l’art de feindre. Leur nombre les rend dangereux : il est de trois pour un blanc ; et, par leurs fréquentes séditions, ils ont mis leurs maîtres dans la nécessité de les observer sans cesse. Cependant tout ce qu’on raconte de la rigueur qu’on emploie contre eux est une exagération. Il y a peu d’Anglais aussi barbares qu’on les représente. Ce qu’on peut confesser, c’est que le traitement des esclaves dépend du caractère de leur maître. Mais les fouets d’épines ou de fer appliqués jusqu’au sang, mains liées, et la saumure employée pour guérir plus tôt les plaies avec les plus cuisantes douleurs, sont des fables qui ne peuvent en imposer qu’aux enfans. Si l’on considère quelle est la paresse des nègres, et leur négligence pour les intérêts de leurs maîtres, dont la fortune dépend