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ces de cocher, de laquais, de valet de chambre, de portier, etc. D’autres, à qui l’on reconnaît du talent pour les arts mécaniques, sont exercés dans la profession qu’ils entendent : on en fait des charpentiers, des serruriers, des tonneliers, des maçons, etc., qui n’ont pas d’autres peines que celles de leur métier. Nous leur permettons d’avoir deux ou trois femmes, pour augmenter notre bien par la multiplication. Peut-être la polygamie est-elle un obstacle à cette vue ; car l’usage immodéré du plaisir peut les affaiblir, et les enfans qui sortent d’eux en ont moins de force. Ces femmes s’attachent fidèlement à l’homme qui passe pour leur mari : l’adultère est un crime détestable à leurs yeux. On nous accuse de leur refuser le baptême ; c’est une injustice, comme c’est une fausseté d’en donner pour raison que leur conversion au christianisme les rendrait libres. Ils n’en seraient pas moins esclaves, eux et tous leurs descendans, et le seul avantage qu’ils en pourraient tirer serait d’être un peu plus épargnés par leurs commandeurs, qui ne châtieraient pas aussi volontiers leurs frères chrétiens que les infidèles. La vérité est que ces misérables ne marquent aucun goût pour la doctrine chrétienne. Ils ont tant d’attachement à leur idolâtrie, que, si l’on ne permet au gouvernement de la Barbade d’y établir une inquisition[1], jamais il ne faut espé-

  1. Un Anglais qui prononce sans horreur le nom d’inquisition ! Un Anglais qui propose d’établir une inquisition !