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en a point vendu. Au reste, le service des blancs n’est pas différent de celui des domestiques d’Angleterre.

» L’état des nègres est beaucoup plus misérable, non-seulement parce qu’il est perpétuel, mais plus encore parce qu’il les assujettit à des traitemens qui font frémir la nature. C’est une opinion établie, que la plupart des Anglais sont de cruels maîtres pour leurs esclaves. Ils ne le désavouent pas eux-mêmes ; et ceux qui méritent ce reproche donnent la nécessité pour excuse. Cependant un de leurs voyageurs entreprend de détruire l’accusation. Cet article est curieux. « Premièrement, dit-il, il est certain que, dans les colonies anglaises comme dans celles des autres nations, un maître est intéressé à la conservation de ses nègres, puisque, outre le profit qu’il en tire journellement, il n’en perd pas un qui ne lui coûte 40 ou 50 livres sterling, et quelquefois beaucoup plus ; car un nègre qui excelle dans quelque emploi mécanique se vend, dans nos plantations, 150 et 200 livres sterling ; j’en ai vu donner 400 d’un habile raffineur. À l’égard du traitement, leur travail commun est l’agriculture, à la réserve de ceux qu’on retient pour divers services dans les sucreries, les moulins et les magasins, où la peine n’excède point leurs forces, et de ceux qu’on emploie dans les maisons, où les femmes les plus jolies et les plus propres sont chargées des soins convenables à leur sexe ; et les hommes les mieux faits, des offi-