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deux sortes de vins communs, qu’ils nomment Malmsey et Vidonia, tous deux de Madère ; le premier, aussi moelleux et moins doux que le Canarie ; le second, aussi sec et plus fort que celui d’Andalousie. Il leur vient d’Angleterre toutes sortes d’autres vins, de bière, de cidre. L’abondance du sucre et des limons leur a fait inventer différentes sortes de liqueurs, dont le fond est du vin, ou de l’eau-de-vie, ou du rhum, qui est une eau-de-vie de sucre. Enfin il ne leur manque rien de ce qui peut servir aux délices de la vie.

» Chaque habitant, dans sa plantation, se regarde comme un souverain. Son pouvoir est absolu sur tout ce qui respire autour de lui, sans autre exception que la vie et les membres. Plusieurs ont jusqu’à sept ou huit cents nègres, condamnés pour jamais à l’esclavage, eux et leur postérité. Les domestiques blancs s’achètent aussi, et ne sont pas plus libres pendant le temps de leur servitude ; mais ce temps est borné par les lois ; et ceux qui se lassent de leur condition peuvent rentrer alors dans tous les droits de la liberté. D’ailleurs ils sont traités avec plus de douceur que les nègres. Le prix ordinaire d’un domestique blanc est vingt livres sterling, et beaucoup plus, s’il est artisan ; celui d’une femme dix livres. Mais on voit à présent peu de femmes blanches qui servent dans la colonie, à moins qu’y étant nées elles ne se louent comme en Europe. On assure qu’il y a plus de quarante ans qu’on n’y