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mes, et d’aussi bon appétit. Je fus un peu surpris que les femmes n’eussent pas mangé avec leurs maris, et j’en demandai la raison au maître, du moins pour la sienne, qui était chrétienne comme lui, et maîtresse de la maison. Il me répondit que ce n’était pas l’usage de leur nation ; que, quand il eût été seul, il n’aurait mangé qu’avec ses fils, et que sa femme, ses filles et le reste de ses enfans mangeaient toujours à la cuisine. »

Les hamacs des Caraïbes l’emportent beaucoup, pour la forme et pour la propreté du travail, sur ceux des autres Américains. C’est une pièce de grosse toile de coton, longue de six à sept pieds, sur douze à quatorze de large, dont chaque bout est partagé en cinquante ou cinquante-cinq parties, enfilées dans de petites cordes, qu’on nomme rabans. Ces cordes sont de coton, et plus communément de pitte, bien filées et bien torses, chacune de deux pieds et demi ou de trois pieds de longueur ; elles s’unissent ensemble à chaque bout, pour faire une boucle où l’on passe une corde plus grosse, qui sert à suspendre le hamac à deux arbres ou à deux murs. Tous les hamacs des Caraïbes sont rocoués, non-seulement parce qu’ils leur donnent cette couleur avant d’en faire usage, mais encore parce qu’ayant eux-mêmes le corps très-rouge, ils ne peuvent s’y coucher aussi souvent qu’ils le font sans y laisser une partie de leur peinture. Ils dessinent aussi des compartimens de couleur noire avec