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le lendemain ils en firent exécuter dix-huit. Une justice si prompte fit rentrer tous les autres dans la soumission. On rapporte un trait qui n’avait pas peu contribué à nourrir leur haine. Quelques Anglais ayant débarqué au continent pour enlever des esclaves furent découverts par les Américains du canton, qui, jugeant de leur dessein, tombèrent sur eux, en tuèrent une partie et mirent le reste en fuite. Un jeune homme, long-temps poursuivi, se jeta dans un bois, où il rencontra une jeune Américaine, qui le prit en affection à la première vue, et qui, l’ayant dérobé à la poursuite de ses ennemis, le nourrit secrètement pendant quelques jours, jusqu’à ce qu’elle trouvât l’occasion de le conduire vers la mer. Il y rejoignit ses compagnons, qui attendaient à l’ancre le retour de ceux qu’ils avaient perdus. La chaloupe vint le prendre à terre ; et l’Américaine, entraînée par l’amour, ne fit pas difficulté de se laisser conduire au vaisseau avec un homme qui lui devait la vie, et, dont elle pouvait attendre du moins une juste reconnaissance. Les Anglais retournèrent à la Barbade, où le jeune homme ne fut pas plus tôt arrivé, qu’il la vendit pour l’esclavage. Ligon, qui était alors dans cette colonie, fut indigné d’une action si noire, qui fit la même impression sur tous les esclaves de l’île. Il fait une peinture intéressante de la beauté de l’Américaine, qui se nommait Yarico[1]. « Elle

  1. Cette histoire, rapportée dans le Spectateur anglais,