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humaine, la première occupation des habitans avait été de planter du tabac ; mais il se trouva si mauvais, qu’il ne se vendait presque point en Angleterre ni dans les pays étrangers. Ainsi le travail de plusieurs années ne produisit aucun fruit. Les bois étaient encore d’une épaisseur qui décourageait les plus laborieux ouvriers. Chaque arbre était si gros, qu’ils demandait beaucoup de bras pour l’abattre, et lorsqu’il était abattu les branches formaient une autre difficulté. Il se passa près de vingt ans, pendant lesquels on parvint à former quelques plantations d’indigo.

Ce ne fut que vers l’an 1650 qu’on vit prospérer les cannes à sucre, dont on n’avait fait encore que de malheureux essais. Quelques-uns des habitans les plus intelligens trouvèrent le moyen de faire venir du plant de Fernambouc ; il multiplia fort heureusement : mais le secret de la fabrique n’étant pas connu, on fut encore deux ou trois ans à tirer parti de ces nouvelles plantations. Enfin, par les instructions d’un Hollandais venu du Brésil, et par diverses informations qu’on recueillit chez les étrangers, on se forma des méthodes qui ont passé long-temps pour les plus parfaites. « Lorsque je sortis de l’île, dit Ligon, les cannes étaient améliorées. On connaissait quand elles étaient mûres, ce qui n’arrivait que dans l’espace de quinze mois ; au lieu que d’abord on les recueillait à la fin de l’an, erreur pernicieuse au bon sucre ; car, manquant