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Les premiers colons n’eurent pas peu de peine à nettoyer un terrain couvert d’arbres et de ronces. Il commencèrent par y planter des patates, des bananiers et du maïs, avec quelques arbres fruitiers ; mais les secours d’Angleterre furent si lents et si peu certains, qu’ils se virent réduits plus d’une fois à la dernière nécessité. Le comte Guillaume de Pembroke avait été un des plus ardens pour la fondation d’une colonie ; et quoiqu’il ne paraisse point qu’il eût obtenu du roi des lettres de concession, il avait fait prendre possession pour lui-même d’une grande partie de l’île. Il y chargea de ses intérêts un officier nommé Canon, qui passe pour le premier gouverneur de la colonie. Dans cette origine, on trouva, non des restes de cabanes américaines, ou d’autres marques d’habitation, mais quelques vases de terre de différentes grandeurs, et travaillés avec tant d’art, que, malgré la connaissance qu’on avait déjà de l’élégante poterie des Caraïbes, on ne put les prendre pour l’ouvrage de ces sauvages. Canon jugea qu’ils y avaient été apportés par quelques-uns des nègres que les Portugais amenaient des côtes d’Afrique, et se souvint d’en avoir vu de la même forme dans le pays d’Angola, où les habitans sont d’une singulière industrie. Cependant ces vases pouvaient venir des Caraïbes ; car il y a des endroits de l’île où l’on peut, dans un temps serein, voir parfaitement l’île de Saint Vincent. Or, tout le monde sait