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plus de vingt ans, les Anglais aient fait la moindre tentative pour y retourner. »

Après leur destruction ou leur retraite, du Parquet, gouverneur de la Martinique, connaissant importance de l’île de Sainte-Lucie pour la sûreté de la sienne, en prit possession comme d’une terre inhabitée. Il n’y mit d’abord que quarante hommes sous la conduite de Rousselan, officier de valeur et d’expérience, qui avait épousé une femme caraïbe. Cette espèce de lien le faisait aimer des sauvages ; mais du Parquet, qui connaissait l’inconstance de ces barbares, n’en prit pas moins les précautions nécessaires pour mettre sa colonie à couvert de leurs insultes. Il fit construire une maison forte, environnée d’une double palissade avec un fossé, et munie de toutes sortes d’armes. Aux environs de cette forteresse, qui était voisine du petit Cul-de-Sac et de la rivière du Carénage, on commença un grand défriché, où l’on cultiva diverses sortes de grains, et du tabac, qui crut en perfection. Rousselan gouverna jusqu’en 1654, qu’il mourut, également regretté des Français et des sauvages. Dans un si long intervalle, les Anglais ne marquèrent aucune prétention sur l’île de Sainte-Lucie, soit par des oppositions ouvertes, soit par de simples réclamations. La Rivière fut nommé pour succéder au gouvernement. C’était un homme riche, qui voulut former à ses propres frais une habitation particulière. Un excès de confiance pour les sauvages lui fit négliger sa sûreté. Il