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blir dans l’île de Sainte-Lucie. Ils y allaient librement les uns les autres, comme dans une île qui était encore sans maître, pour y faire des canots, et pour y prendre des tortues pendant la ponte, sans qu’ils y eussent encore le moindre établissement. En 1639, un navire anglais ayant mouillé sous la Dominique avec pavillon français attira par cette feinte plusieurs Caraïbes, qui ne firent pas difficulté d’y entrer et d’y porter des rafraîchissemens. Ils étaient accoutumés à rendre ce service aux Français, avec lesquels ils vivaient alors en paix ; mais les Anglais ayant tenté de les enlever, ils trouvèrent le moyen de se jeter dans les flots et de se sauver, à l’exception de deux que les Anglais mirent dans les fers, et qu’ils vendirent ensuite pour l’esclavage. Les Caraïbes, irrités de cette perfidie, s’assemblèrent en grand-nombre, surprirent et massacrèrent quantité d’Anglais à la Barbade et dans d’autres îles où ils commençaient à s’établir ; et s’étant séparés après leur expédition, ceux de Saint-Vincent passèrent dans leur retour à Sainte-Lucie, où ils trouvèrent quelques Anglais occupés à la pêche, qu’ils massacrèrent aussi. On lit dans le P. du Tertre « que ces Anglais étaient à Sainte-Lucie depuis dix-huit mois, et que leur nation fut si consternée de leur tragique aventure, qu’elle ne pensa plus à se rétablir dans la même île. C’est la première trace d’une colonie commencée à Sainte-Lucie, mais abandonnée presque aussitôt, sans que dans la suite, pendant