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panier de crabes bouillis, des poissons qui étaient au feu, et de quelques autres poissons à grandes écailles. Quoique j’eusse assez dîné, je m’approchai du matatous pour goûter de leur poisson et de leur sauce. Ce qu’il y a de commode avec les Caraïbes, c’est que leur table est ouverte à tout le monde, et que, pour s’y mettre, on n’a pas besoin d’être invité ni même connu. Ils ne prient jamais ; mais ils n’empêchent personne de manger avec eux. Leur pimentade est du suc de manioc bouilli avec du jus de citron, dans lequel ils écrasent beaucoup de piment : c’est leur sauce favorite avec toutes sortes de mets. Jamais ils ne se servent de sel, non qu’ils en manquent, puisqu’il y a des salines naturelles dans toutes les îles, où ils pourraient s’en fournir ; mais il n’est pas de leur goût. J’ai su d’eux-mêmes qu’à l’exception de leurs crabes, qui sont la meilleure partie de leur nourriture, ils ne mangent rien qui soit cuit à l’eau : tout est rôti ou boucané. Leur manière de rôtir est d’enfiler la viande par morceaux dans une brochette de bois, qu’ils plantent en terre devant le feu, et lorsqu’elle est cuite d’un côté, ils la tournent simplement de l’autre. Si c’est un oiseau de quelque grosseur, tel qu’un perroquet, une poule ou un ramier, ils le jettent dans le feu, sans prendre la peine de le plumer ni de le vider ; et la plume n’est pas plus tôt rôtie, qu’ils le couvrent de cendres et de charbons, pour le laisser cuire dans cet état. Ensuite, le