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toutes les habitations, et ne laissa pas un demi-quart des cannes à sucre. Enfin la perte fut estimée à plus de 50,000 livres sterling. Antigoa contient aujourd’hui 10,000 nègres esclaves, et 1,500 personnes libres ; elle est fertile en sucre, indigo et coton, elle n’a ni port ni rade sûre.

L’île de Nevis, que plusieurs relations françaises nomment Nièves, et la plupart des Anglais Mévis, par corruption, doit avoir été découverte en même temps que Saint-Christophe, puisqu’elle n’en est pas éloignée de plus d’une demi-lieue. On ne lui donne qu’environ six lieues de circonférence : sa situation est à 17° 5′ de latitude nord, et à 64° 55′ de longitude à l’ouest de Paris. Elle ne consiste qu’en une haute montagne, dont la cime est revêtue de grands arbres ; les habitations sont alentour ; et sa pente étant assez douce, elles s’étendent jusqu’au bord de la mer. Les ruisseaux d’eau douce qui en descendent arrosent abondamment la plaine. On vante une source minérale d’eau chaude, à laquelle on y attribue les mêmes vertus qu’à celles de Bourbon en France, et de Bath en Angleterre. Les habitans y ont bâti des bains qu’ils fréquentent avec succès.

La colonie de Nevis, comme celle d’Antigoa et de Montserrat, doit son origine au chevalier Thomas Warner, qui y fit passer en 1628 quelques Anglais de Saint-Christophe. Cet établissement, trop faible pour causer de la jalousie, ne laissa pas de faire des progrès si con-