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cheresse n’avait pas cessé d’être extrême pendant trois mois, jusqu’au 29 juin, où, sur les dix heures du soir, il tomba une pluie fort abondante, qui dura pendant la plus grande partie de la nuit, et qui rendis l’espérance aux habitans. Mais le lendemain, à cinq heures du matin, il s’éleva un vent si prodigieux du nord-est, qu’on en compare le bruit à celui du plus violent tonnerre et que, dans l’espace de deux heures, il produisit des effets presque incroyables. Les trois quarts des maisons de l’île furent entièrement renversés ; et de celles qui résistèrent il n’y en eut pas une sur vingt qui ne portât quelque trace de l’orage. Un magasin qu’on avait commencé à bâtir, et qui n’attendait plus que d’être couvert, fut renversé avec tant de force, qu’une partie des solives, dans l’impétuosité de leur chute, percèrent, comme autant de gros boulets, les murs d’un des plus édifices de l’île. De trente-quatre moulins à vent, il n’en resta pas un sur ses fondemens ; et quelques-uns furent enlevés dans l’air, d’où ils retombèrent à une certaine distance, dans les champs de cannes, et s’y brisèrent en mille pièces. Une grande chaudière de cuivre, qui contenait deux cent quarante gallons d’Angleterre, ou mille litres de France, fut enlevée aussi, et reçut une si forte compression dans sa chute qu’elle fut trouvée presque entièrement aplatie. Plusieurs personnes furent écrasées sous les ruines de leurs maisons. Le ravage ne fut pas moindre en plein champ, dans