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bon que dans les autres colonies. La population d’Antigoa est de 40,000 habitans, dont les neuf dixièmes sont esclaves.

La colonie d’Antigoa n’a pas fait une figure éclatante entre les îles anglaises jusqu’à l’année 1680, que le colonel Codrington, y étant passé de la Barbade, employa tous ses soins à la rendre florissante, jusqu’à la choisir pour le siége de son administration, lorsqu’il fut devenu gouverneur-général des îles sous le vent. Son fils, qui lui succéda, ne contribua pas moins à la prospérité de cet établissement, et releva de leurs ruines tous les édifices publics qui avaient été renversés par un affreux ouragan. Ses successeurs dans le gouvernement particulier de l’île ne firent pas toujours un si bon usage de leur pouvoir. Il s’y éleva, sous le règne de la reine Anne, des mouvemens qui coûtèrent la vie, en 1710, au gouverneur Park, et qui menacèrent la colonie de sa ruine. Cet événement donna lieu aux réflexions suivantes, qui ne convenaient pas moins alors, si l’on en croit le voyageur dont elles sont empruntées, au gouvernement d’Angleterre qu’à celui de ses colonies.

« C’est une opinion reçue, que dans nos colonies l’intérêt du peuple est différent de celui du roi, tandis qu’en même temps on suppose que l’intérêt des gouverneurs qui représentent le roi, est le même que celui de la couronne ; d’où l’on conclut qu’on ne peut donner trop d’autorité aux gouverneurs, ni trop diminuer