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sions des Anglais dans les Antilles. Son port, nommé English-Harbour, est extrêmement sûr, entouré de hautes montagnes et bien fortifié. On y voit un chantier et un arsenal de la marine royale. Saint-John, ville peuplée de 11,000 habitans, est la résidence du gouverneur des îles d’Antigoa, Saint-Christophe, Nevis et Montserrat.

Antigoa n’ayant aucune rivière, on y est réduit à l’eau douce de quelques fontaines, mais plus généralement à l’eau de pluie, qu’on rassemble avec beaucoup de soin dans de grandes citernes. Cette disette d’eau fraîche est la plus grande incommodité des habitans. Le climat y est très-chaud, les forêts occupent encore le centre de l’île ; les ouragans, le tonnerre, et d’autres fléaux du ciel y sont très-fréquens. Mais ces intempéries du climat n’empêchent point que les habitans n’y jouissent d’une parfaite santé, et que les bestiaux et le gibier n’y soient en plus grande abondance que dans aucune autre des îles anglaises sous le vent. Le sucre, le café, l’indigo, le coton, le gingembre et le tabac sont les productions de cette colonie. Le sucre y était jadis si noir et si grossier, qu’on n’avait aucune espérance de pouvoir le raffiner. On le dédaignait en Angleterre, jusqu’à le refuser pour l’essai, et les marchands l’embarquaient pour la Hollande et les villes anséatiques, où il se vendait beaucoup moins que celui des autres îles. Mais à force d’art et de travail on est parvenu à le rendre aussi