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ment peint de rouge, avec des moustaches et des raies noires : ses cheveux étaient liés derrière la tête ; son arc, ses flèches, sa massue et son couteau étaient à côté de lui. Il n’avait du sable que jusqu’aux genoux, autant qu’il en fallait pour le soutenir dans sa posture, car il ne touchait point aux bords de la fosse. Je demandai s’il était permis de le toucher : on m’accorda cette liberté. Je lui touchai les mains, le visage et le dos. Tout était très-sec, et sans aucune mauvaise odeur, quoiqu’on n’eut pris aucune autre précaution que celle de le rocouer au moment qu’il avait rendu l’âme. Les premiers de ses parens qui étaient venus avaient ôté une partie du sable pour visiter le cadavre ; et comme il n’en sortait rien d’infect, on n’avait pas pris la peine de le recouvrir de sable, pour s’épargner celle de l’ôter à l’arrivée de chaque nouveau parent. On nous dit que, lorsqu’ils seraient venus tous, la fosse serait remplie et fermée pour la dernière fois. Il y avait près de cinq mois que ce Caraïbe était mort. Je regrettai beaucoup que, pendant quelques heures que nous passâmes dans le carbet, il n’arrivât point quelqu’un des parens qui nous eût donné la satisfaction de voir leurs cérémonies.

» Aussitôt que les poissons furent cuits, les femmes apportèrent deux ou trois matatous chargés de cassaves fraîches, avec deux grands couïs, l’un plein de taumali de crabes, et l’autre de pimentade, accompagnés d’un grand