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quelle ils s’étaient tenus attachés jusqu’à ce que la chaloupe d’un vaisseau fût venue les prendre.

» On s’étonnera qu’après un événement de cette nature le premier soin d’un grand nombre de matelots fut de piller huit ou dix maisons qui restaient entières, quoique submergées jusqu’aux balcons ; mais tandis qu’ils exécutaient cette odieuse entreprise, un second tremblement de terre les fit périr tous. »

Plusieurs des vaisseaux qui se trouvaient dans le port furent mis en pièces, et d’autres furent coulés à fond. La frégate le Cygne, qui était en carène, fut poussée sur le sommet de maisons abîmées, où, ayant été arrêtée par les inégalités des toits, elle servit à sauver quelques centaines de malheureux. Un bruit lugubre, qui se fit entendre dans les montagnes, causa tant de frayeur à quantité de déserteurs nègres, qu’ils revinrent demander grâce à leurs maîtres. Ils rapportèrent que l’eau s’était ouvert des passages jusque dans ces hauteurs, et qu’en vingt ou trente endroits, ils l’avaient vue sortir avec une extrême violence. Toutes les salines furent inondées. Deux montagnes presque perpendiculaires, vers la moitié du chemin entre Spanish-Town et Port-Royal, se joignirent et fermèrent le passage aux eaux, qui s’en firent un autre au travers des bois et des savanes.

Comme on fut plusieurs jours sans pouvoir être informé de ce qui se passait à Spanish-