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apprit que tous ces Caraïbes s’étaient assemblés chez lui pour célébrer les obsèques d’un de ses parens, et qu’on n’en attendait plus qu’un petit nombre d’autres de l’île Saint-Vincent pour achever la cérémonie. Suivant leurs usages, il est nécessaire que tous les parens d’un Caraïbe qui meurt le voient après sa mort, pour s’assurer qu’elle est naturelle. S’il s’en trouvait un seul qui ne l’eût pas vu, le témoingnage de tous les autres ensemble ne suffirait pas pour le persuader ; et jugeant, au contraire, qu’ils auraient contribué tous à sa mort, il se croirait obligé d’en tuer quelqu’un pour la venger. Nous remarquâmes que notre hôte aurait souhaité que ce Caraïbe ne lui eût pas fait l’honneur de choisir son carbet pour mourir, parce qu’une si grosse compagnie diminuait son manioc, dont il n’avait qu’une juste provision pour sa famille.

» Je lui demandai si la qualité d’amis ne pouvait pas nous faire obtenir de voir le mort. Il m’assura que tous les assistans y consentiraient avec plaisir, surtout si nous buvions et si nous les faisions boire à sa santé. La natte et les planches qui couvraient la fosse furent levées aussitôt. Elle avait la forme d’un puits, d’environ quatre pieds de diamètre, et six à sept de profondeur. Le corps y était à peu près dans la même posture que ceux que nous avions trouvés autour du feu. Ses coudes portaient sur ses genoux, et les paumes de ses mains soutenaient ses joues. Il était propre-