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terre fumait de toutes parts, et surtout dans les lieux ou l’on voyait des fentes et des crevasses. Je ne jugeai point à propos de m’y promener ; on me fit prendre à côté, pour gagner le pied d’une hauteur qu’on nomme le Piton de la Soufrière : c’est un amas de grosses pierres calcinées, qui peut avoir 10 ou 12 toises de hauteur, sur quatre fois autant de circonférence. J’y montai sans crainte, parce que je n’y voyais point de cendre ni de fumée, et je vis au-dessous de moi, du côté de l’est, la bouche de la fournaise. C’est une ouverture ovale, qui me parut large de 18 à 20 toises dans son plus grand diamètre. Ses bords étaient couverts de grosses pierres, même de cendres et de monceaux de vrai soufre. L’éloignement où j’étais ne me permit pas d’en reconnaître la profondeur ; et je ne pouvais, sans imprudence, m’en approcher davantage. D’ailleurs il s’en exhalait de temps en temps des tourbillons d’une fumée noire, épaisse, sulfurée, et mêlée d’étincelles de feu qui m’incommodaient beaucoup lorsque le vent les portait vers moi. Je vis à peu de distance une autre bouche, plus petite que la première, et qui me parut comme une voûte ruinée : il eu sortait aussi beaucoup de fumée et d’étincelles. Tous les environs de ces deux ouvertures n’offraient que des fentes et des crevasses qui rendaient une épaisse fumée, ce qui ne me laissa aucun doute que toute la montagne fût creuse comme une grande cave, pleine de soufre en-