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ce que les ondes venant frapper les branches des arbres, la semence des huîtres s’y attache et s’y forme sur les rochers ; de sorte qu’à mesure qu’elles grossissent, leur poids fait baisser les branches jusque dans la mer, où elles sont rafraîchies deux fois le jour par la marée. »

À trois cents pas de l’église des Goyaves, vers l’est, on fit remarquer au P. Labat que l’eau de la mer bouillonne dans un espace de cinq ou six pas. Il prit un petit canot, pour observer s’il était vrai, comme, on l’en assurait, que cette eau était si chaude, qu’on y pouvait faire cuire des œufs et du poisson. « Je m’éloignai, dit-il, d’environ trois toises du bord du rivage, et je m’arrêtai sur quatre pieds d’eau, dans un endroit ou les bouillons ne me semblaient pas si fréquens que vers les bords. J’y trouvai l’eau si chaude, que je n’y pus tenir la main, et j’envoyai chercher des œufs que j’y fis cuire en les tenant suspendus dans mon mouchoir. À terre, vis-à-vis des bouillons, la superficie du sable n’avait pas plus de chaleur que dans les endroits plus éloignés ; mais, ayant creusé avec la main, je ne fus pas peu surpris de sentir, à la profondeur de cinq ou six pouces, une augmentation considérable de chaleur ; et plus je continuais de creuser, plus elle augmentait ; de sorte qu’à la profondeur d’un pied, il me fut presque impossible, d’y tenir la main. Je fis creuser un autre pied plus avant avec une pelle ; le sable brûlant se mit à fumer, comme la terre qui