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sont arrosés plusieurs fois, afin qu’en se relevant elle reprenne bientôt sa verdure. À l’égard des toiles ou des étoffes de soie, des papiers et de tout ce qui craint l’humidité, on les met dans de grandes calebasses coupées vers le quart de leur longueur ; on en couvre l’ouverture avec une autre calebasse, et ces deux pièces sont jointes ensemble avec une ficelle de pile. Cette espèce de boîte, qu’on appelle coyembouc, est une ancienne invention des sauvages. Lorsqu’elle est remplie et bien fermée, on l’élève entre les branches de châtaignier ou des autres arbres à grandes feuilles, qui sont ordinairement couronnés de lianes. On fait passer par-dessus le coyembouc quelques lianes dont on tresse un peu les bouts : ce qui le cache si bien, qu’il est impossible de l’apercevoir ; et les feuilles dont il est couvert empêchent la pluie d’y causer la moindre humidité. Mais il faut que cette opération se fasse sans la participation des nègres, parce que l’ennemi ne manque point de mettre à la torture ceux qui tombent entre ses mains, pour les forcer de découvrir le trésor de leurs maîtres.

La population de la Martinique est de 9,200 blancs, 8,600 hommes de couleur, et 77,600 nègres.

La Guadeloupe est divisée en deux parties par un canal étroit, ou petit bras de mer qui la traverse de l’est à l’ouest. Celle qu’on nomme la Grande-Terre était peu cultivée lorsque du Tertre était aux Antilles. C’est la plus